Je marche souvent de nuit jusqu’à ce point de chute pour déconnecter. Quand je suis face à l’eau, je fais abstraction de ce qu’il y a dans mon dos. Je me concentre sur ce que j’ai devant moi, et même s’il n’y a pas grand chose, j’y trouve une âme propice à la contemplation et à la réflexion depuis cet entre deux mondes. Voyant mieux de loin, j’aime admirer la perspective des halos lumineux bordant les berges. Je ne vois que d’un seul œil et avec un champ de vision très faible, mais j’arrive à discerner la perspective. Je segmente ma lecture, j’observe le premier plan, puis les côtés, l’arrière-plan, les détails. Ensuite je monte tout ça dans ma tête pour reconstituer une image. J’aime le vert de ces arbres un peu sauvages le long des berges ; il a des teintes très variées qui m’envoient dans un autre monde, où je crée mes propres couleurs. Quand je vois une péniche, j’aime imaginer ce qui s’y passe à l’intérieur. Pour moi c’est comme une photo ; tout ne repose pas sur la partie visuelle, mais sur ce qu’elle raconte, ce qu’on imagine. C’est la même chose dans mon quotidien.